Le Congrès mondial de la nature de l'UICN à Abu Dhabi s'est conclu en octobre avec l’adoption de la toute première politique mondiale sur la biologie de synthèse et la conservation de la nature. Élaborée dans le cadre d'un processus transparent, mené par les membres de l’UICN, cette politique s'appuie sur une large consultation, y compris les contributions d'un groupe de membres de l'UICN sélectionnés au hasard, d'un groupe de travail multipartite et des évaluations externes par des pairs. Elle a été adoptée par l’organe décisionnel suprême de l’UICN, son Assemblée des membres, qui regroupe les organisations gouvernementales, non gouvernementales et autochtones de l’Union.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’une approbation générale de la biologie de synthèse, ce résultat crée les conditions pour une innovation responsable à un moment où les crises en matière de conservation et de santé publique exigent des outils et des solutions nouvelles. Pour l’Afrique, ces décisions ont des implications profondes. L’Afrique supporte une des plus lourdes charges de mortalité due aux maladies à transmission vectorielle, particulièrement le paludisme, qui tue à lui seul plus de 500 000 personnes par an sur le continent.

Biologie synthétique et santé publique : une opportunité pour l’Afrique
Le débat sur la biologie synthétique revêt une importance particulière pour les défis de santé publique en Afrique, notamment la lutte contre le paludisme. Les outils actuels de lutte contre les maladies à transmission vectorielle ont sauvé des millions de vies, mais ne sont pas suffisants pour permettre leur élimination. Des solutions novatrices sont nécessaires pour compléter les méthodes existantes. Les approches génétiques de lutte antivectorielle, comme les moustiques génétiquement modifiés, offrent une voie prometteuse. Ces approches comprennent à la fois des « mécanismes de suppression » destinés à réduire les populations de moustiques et des « mécanismes de remplacement » qui rendraient les moustiques incapables de transmettre les parasites du paludisme.
En tant qu’acteur de la lutte contre les maladies à transmission vectorielle, ACEME se réjouit de la décision du congrès qui fournit un cadre important pour une prise de décision éclairée et responsable vis-à-vis de ces nouvelles technologies. Cette décision signifie que la recherche sur ces outils potentiels peut se poursuivre, dans le respect des réglementations nationales et du cadre d'évaluation au cas par cas défini dans la nouvelle politique. Cette décision reconnaît donc l’importance pour les gouvernements de prendre leurs propres décisions concernant ces approches tout en tenant compte de leurs priorités et contextes nationaux spécifiques. Le résultat du Congrès renforce le rôle de l’UICN en tant que leader responsable en matière de politiques et s’aligne sur les pratiques internationales déjà établies dans d’autres instances et accords clés, notamment la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) des Nations Unies et le Protocole de Cartagena.
Pour que ces outils profitent réellement au continent Africain et contribuent à l’élimination des maladies à transmission vectorielle, il est essentiel que l’Afrique ne soit pas seulement spectatrice, mais actrice. A l’avenir, le renforcement des capacités des scientifiques et des chercheurs Africains constituera un élément clé, ainsi que le renforcement des systèmes d'évaluation des risques, et la mise en place de processus décisionnels transparents et inclusifs.

