Le 25 avril est la Journée mondiale contre le paludisme - un moment de pause et de réflexion sur l'une des maladies les plus meurtrières de l'histoire de l'humanité, qui continue d'avoir un impact sur des millions de vies chaque année. Aujourd'hui, on estime que le paludisme fait une victime toutes les minutes,la plupart des décès survenant en Afrique subsaharienne. La région africaine de l'OMS continue de supporter la charge la plus lourde du paludisme dans le monde, avec 94 % de tous les cas de paludisme et 95 % des décès enregistrés sur le continent. Outre son impact considérable sur la santé, le paludisme compromet également la croissance économique, aggrave la pauvreté et perpétue les inégalités.

Près des deux tiers des cas et des décès dus au paludisme dans le monde sont concentrés dans 11 pays africains,dont le Mali, où je vis et travaille. Le Mali souffre d'une charge disproportionnée de paludisme, représentant 3,1 % des cas de paludisme dans le monde et 2,4 % des décès dus au paludisme dans le monde. Derrière ces statistiques se cachent des enfants qui manquent l'école, des familles qui doivent faire face aux frais médicaux et des communautés qui portent le poids de cette maladie dévastatrice.
Cette année, la campagne de la Journée mondiale contre le paludisme, menée par L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le partenariat RBM pour mettre fin au paludisme, a pour thème "Le paludisme se termine avec nous" : Réinvestir, réimaginer, relancer"trouve un écho profond. Au cours des dernières décennies, nous avons constaté l'impact d'une action soutenue contre le paludisme, mais ces progrès sont aujourd'hui menacés. Les parasites du paludisme développent une résistance aux médicaments antipaludiques, ce qui menace l'efficacité des traitements. Les moustiques deviennent résistants aux insecticides couramment utilisés, ce qui réduit l'impact des interventions de lutte antivectorielle primaire. Le changement climatique modifie les habitats des moustiques et les schémas de transmission, ce qui aggrave ces problèmes. Parallèlement, le manque de financement pèse sur des systèmes déjà fragiles. Comme le souligne l'OMS, "de nouveaux progrès et des décennies de gains durement acquis sont menacés".


Des stratégies et des outils innovants sont nécessaires pour compléter les interventions existantes et nous aider à accélérer les progrès vers l'élimination du paludisme. À l'ACEME, nous visons à doter les scientifiques africains des compétences et de l'expertise nécessaires pour mener la lutte contre les maladies à transmission vectorielle, telles que le paludisme, qui affectent si lourdement notre continent. Nous travaillons à la mise en place d'une plateforme où les chercheurs peuvent développer leur expertise en ingénierie moléculaire et contribuer au développement d'outils innovants pour contrôler les moustiques vecteurs de maladies.
Cette année, à l'occasion de la Journée mondiale contre le paludisme, l'équipe de l'ACEME participe à une campagne menée par le réseau de sensibilisation à la recherche sur les gènes sous le thème « Réimaginer la lutte contre le paludisme ». La campagne vise à mettre en lumière les innovations susceptibles de transformer la lutte contre le paludisme et à sensibiliser le public aux défis actuels qui menacent les progrès réalisés contre la maladie.


Le moment est venu de s'engager à nouveau dans la lutte contre le paludisme. L'élan croissant à travers le continent est encourageant. De plus en plus de pays accordent la priorité à l'élimination du paludisme. L'année dernière, la déclaration de Yaoundé, signée par 11 pays africains à forte charge de morbidité, a constitué une étape importante. Leur message était clair : "personne ne doit mourir du paludisme".
Comme nous le rappelle l'OMS, "l'éradication du paludisme n'est pas seulement un impératif de santé ; c'est un investissement dans un avenir plus équitable, plus sûr et plus prospère pour chaque nation". À l'occasion de la Journée mondiale contre le paludisme, réaffirmons notre engagement en faveur de cet avenir. Réinvestissons, réimaginons et rallumons - pour que le paludisme s'arrête avec nous.